30 sept. 2012

Biture Culture


Tous les vendredis soirs, les membres du "Tea Ceremony Club" se réunissent pour apprendre et pratiquer la cérémonie du thé coréenne. 
Tea set
Bonjour l'ambiance qu'il doit y avoir dans ce club, je me suis dis lors de mon inscription. Et c'était précisément cela que j'étais venue chercher: une bande de binoclards intellos-geekos-snobinards, qui crachent sur la société de consommation en scrutant le fond de leur tasse de thé vert à travers les verres gras de leur lunettes à monture extra-large.

Eh bien pas de bol Lohan, tu repasseras pour l'ambiance!
Non non, en lieu et place des membres du club d'échec du coin, c'est une joyeuse bande de fêtards qui commence la nuit avec une tasse de thé pour la finir en pilier de bar. On passe du thé vert au soju en un instant en Corée, c'est impressionnant.

Ainsi, mes vendredis soirs sont bien plus animés que ce que j'avais imaginé.
Voici le déroulement-type des hostilités (à ce niveau, le mot est parfaitement adapté, croyez-moi): après la cérémonie du thé (ou l'on boit donc du thé, uniquement) avec des petits cookies, direction le quartier étudiant (=débauche) de Sinchon. 
First round, YAYY! Les "one-shot" de bière s'enchaînent autour de la table garnie de plats de poulet frit. Les filles hurlent des chansons de bitures, et bougent leur bras comme sur un air de Macarena (hay!). "Bois, bois, bois, bois, bois,…, bois, l'alcool rentre dans ton corps, glou, glou, glou", sont les paroles du doux refrain. On passe aux choses sérieuses lorsque le soju fait son apparition dans les choppes. Mes amis américains qualifient le soju de "poison", c'est dire l'atrocité dudit breuvage.
Second round, COME ONE! La joyeuse bande decide de changer de bar pour aller boire ailleurs. Soit, nous passons dans une taverne traditionnelle pour déguster du makgeolli et quelques pancakes (on ne boit pas sans manger ici). Et vlan, on ajoute dans le vin de riz du soju et du cidre, histoire que nos taux d'alcoolémie soient similaires à ceux de Charlie Sheen. Bam, et ils boivent, toujours en hurlant. 
Third round, j'abandonne. Je rentre à la maison avec une de mes camarades. Nous voulions aller chanter au karaoké mais vu l'état de nos amis, il vaut mieux les laisser continuer sans nous. En rentrant, on slalom entre les jeunes avachis sur le sol, beaucoup trop alcoolisés. La nuit va être longue.

Salon de thé traditionnel au coeur d'Insadong
La drinking culture en Corée est sacrément présente dans la vie quotidienne. L'alcool désinhibe, disent les Coréens, et leur permet de se lâcher. C'est clair que ça change de l'ambiance dans le métro, où les gens mettent la main devant la bouche pour parler au téléphone afin de ne pas déranger leurs voisins…


Diner avec mes camarades du club du thé


Le traditionnel Chon, pancake qui accompagne
les boissons alcoolisées
PS: ce qui devait arriver arriva, de Lohan à Lindsay il n'y a qu'un pas. Au secours, catastrophe!

23 sept. 2012

La sublime du Leum Samsung Museum


Vue de l'intérieur de l'aile dessinée par Mario Botta

Promenade dans le jardin du Leum Samsung Museum
Samedi arrivé, je profite pour partir à la découverte de Seoul. Je décline poliment l'invitation de l'université à
une journée au vert (la ferme et les patates douces ont un pouvoir de séduction limité sur moi) et je file vers le Leum Samsung Museum. Ledit édifice culturel se situe dans le quartier d'Itaewon, meeting point international de la capitale. La base militaire américaine n'étant pas loin, les citoyens du pays de l'oncle Gosling (Sam est has been) ont fait d'Itaewon leur quartier de référence. Les ambassades sont nombreuses et automatiquement, un grand nombre d'occidentaux (=non coréens) ont afflué au cours des années. Résultat, un melting pot surprenant au beau milieu de Seoul, des steak houses, des kebabs et des restos de tapas se succèdent sur l'artère principale dominée par l'hôtel Hamilton (un classique, semblerait-il). Je ne peux empêcher un commentaire personnel de s'étaler sur l'écran: tout le monde le sait bien, qui dit classique, dit vieillot, avec risque de cadavre sous le matelas. 
Enfin, Le nappage touristique omniprésent n'améliore rien à l'ambiance peu authentique de l'endroit.

Le café du musée, si mignon!

Le Leum Samsung Museum, un peu à l'écart, sauve magistralement l'ensemble.  Le ticket d'entrée vaut son pesant d'or: ce n'est qu'après une petite ascension que se présente le musée situé sur une colline résidentielle. Le principe du musée est curieux: trois architectes de renom ont dessiné chacun une aile de l'édifice. Ainsi, la collection d'art traditionnel coréen se trouve dans la bâtisse dessinée par Mario Botta, les collections d'art contemporain sont exposées dans l'aile de Jean Nouvel et les expositions temporaires sont montées dans la partie créee par Rem Koolhaas. L'ensemble fait preuve d'une cohérence merveilleuse, les formes rondes de Botta se marient parfaitement aux lignes droites de Nouvel et Koolhaas. Les oeuvres exposées sont sublimées par les jeux de lumière dans chacun des bâtiments. Je suis restée baba de tant d'harmonie.


Pourtant, je ne suis pas bon public dans les musées, surtout pas lorsqu'il s'agit d'art contemporain. Les suspensions de vêtements qui s'animent toutes les 30 secondes, les tas de papier carton, les téléviseurs fous, les cabanes en sac à ordures, tous censés représenter la décadence de notre époque... très peu pour moi, j'ai tendance à beaucoup rire et les amateurs d'art n'apprécient pas tant.

L'édifice de Botta, vu de l'extérieur
Et le musée ne joue pas la carte de la prétention, loin de là. Non non, le visiteur est prévenu à chaque étage que seul un échantillon de la période artistique en question est présenté. Le but est d'introduire à l'art et non de donner un cours complet sur la période contemporaine de la région de Gyeonggi-do en Corée du Sud. Vous voyez certainement ce que je veux dire...
Edifice de Jean Nouvel


Je me réjouis d'avance d'y retourner, le 25 octobre débute l'expo temporaire sur Anish Kapoor, le génie qui a crée le bean de Chicago!

20 sept. 2012

De la magie de l'incertitude

Douce pause musicale au coeur du marché d'art de Hongdae
Lorsqu'on saute à pieds joints dans un pays inconnu, on ne sait jamais vraiment à quoi s'attendre. Je me posais donc mille questions en arrivant en Corée. Mais quelle est cette culture dont je ne connais pas les codes, comment est-ce que je vais réussir à m'alimenter sans connaître les spécialités de la cuisine locale, comment donc est-ce que je vais faire pour rencontrer de nouvelles personnes et ne pas passer 4 mois prostrée dans ma chambre en plaqué érable?
Les premiers instants d'anxiété passés, cette incertitude, au début angoissante, s'est révélée excitante. Au resto, je commande un peu au hasard. Bon, le plus souvent, ma cavité bucale ressemble à une usine de gaz en feu (cataclisme lent à éteindre...) et je finis par ne pas avaler grand chose. Mais au moins, je découvre, je déguste et j'apprends. Ici, les repas sont aussi segmentés que le marché chinois. On mange dans un restaurant, on prend le dessert dans un café et on boit dans un restaurant de boisson ou dans un bar. Comprenez donc que le verre de vin avec le repas et le petit café en dessert n'est pas une option envisageable, du tout!

Potrait, avec ma chère buddy DoHee
La différence de codes culturels est simplement immense. Rien n'est comparable à la culture occidentale. Par exemple, on ne laisse pas de pourboire, trop insultant pour la personne qui le reçoit (du coup moins insultant pour mon porte-monnaie) et on met la main devant la bouche lorsqu'on parle au téléphone pour ne pas déranger les autres dans le metro. Cet us me surprend d'autant plus que la presque majorité des usagers du metroppolitain de Seoul ont les yeux rivés sur l'écran de leur téléphone portable, des écouteurs vissés dans les oreilles. Du coup je me la coince, ça me fait pas de mal!



Cheongyechon River, au coucher du soleil
Et puis finalement, la plus grande peur, celle de la solitude, n'émerge que très rarement dans le quotidien. Je ne vais pas m'étaler sur le scandale que représente à mes yeux l'incompatibilité de notre société avec les personnes seules. Le terme de "more than two food" parle de lui-même. On apprend à apprécier sa propre compagnie et on rencontre de nouvelles personnes. Et quelles nouvelles personnes! Je ne peux m'empêcher de lâcher un outre-atlantique OMG, tant les rencontres sont improbables et extraordinaires. J'ai notamment eu la chance de faire la connaissance de Sheldon Cooper des sciences sociales, d'une américaine anthropologue de l'Ohio, d'une coréenne de retour de Lituanie, d'une franco-russe, d'italiens japanophones et de jeunes businessmen singapouriens.
Vaste, pour le moins.
Marcelle avance, et elle adore ça!


Heunginjimun gate, porte Est de la ville
La composition en pet de cet animal
 trompe sur le véritable sens de l'écologie à Seoul




Auto-portrait
P.S: Lila était bien trop compliqué à prononcer pour mes camarades coréennes, elles m'ont donc attribué le nom de Lohan (comme Lindsay disent-elles, plaisant...).

9 sept. 2012

EWHA, la grande aventure estudiantine

L'arrivée par la grande porte de Ewha Womans University, la main gate, promet des sensations fortes! Le premier édifice qui se présente à mes yeux est le tout récent Ewha Campus Complex pensé par l'architecte français Dominique Perrault. Epoustouflée, je me dis que ça en jette pas mal pour une uni de tradition chrétienne peuplée uniquement de femmes (filles?).
L'ECC comme on l'appelle dans le jargon ewhaien semble creusé dans la terre et en même temps en sortir. Le soir venu, les lumières de l'intérieur donnent une impression de profondeur encore plus intense. Jugez par vous-mêmes de la qualité de l'ouvrage architectural!

Ewha Campus Complex
Sortie des cours par un jour très ensoleillé
Le reste du campus est plus traditionnel, d'avantage branché vieille école anglaise (d'où les origines britanniques de la fondatrice d'Ewha, la belle époque pour les écclésiastiques british). 

Sacré soirée du Tea Ceremony Club dans un
 restaurant de Sinchon
Pour m'intégrer d'avantage à la culture de l'université, je me suis inscrite au club de la cérémonie du thé. Je me suis dis, tiens, ça tombe bien, j'adore le thé, et je vais rencontrer deux-trois binoclards intellos qui me changeront des fêtards chevronnés présents dans ma résidence. Eh bien je faisais fausse route! Le club est en fait jumelé à Yonsei University (notre voisine mixte) et toute une ribambelle d'étudiants ma foi for sympathiques s'est présentée à la soirée d'accueil. On a pas bu une seule goute de thé, mais le Makgeolli coulait à flots. Ce délicieux brevage typiquement coréen est un vin de riz. Ca ressemble vaguement à du lait, mais avec un goût d'alcool froid. Pas mal! 

Miami Miam! Pa chon (pancake aux oignons
 nouveaux) et Makgeolli

Les cours s'avèrent tout à fait funk, je me réjouis. Niveau women power, je suis servie!
PS: les Coréens poussent la présence de la technologie si loin dans la vie de tous les jours que les sièges dans la bibliothèque se réservent électroniquement avant de rentrer dans les reading rooms, crazy!

Installée à la bibliothèque dès la première semaine de cours!










2 sept. 2012

Premier tour d'horizon

Ca y est, tout commence! Le voyage est long, les yeux sont rouges et les fesses sont carrées, oui oui, après une quinzaine d'heures de voyage, je débarque à Seoul. Sous la pluie et à 5h30 du matin, c'est bien évidemment les conditions idéales pour découvrir la ville dans laquelle je m'apprête à passer les quatre prochains mois.
Heureusement, ma luciolle m'accompagne et nous partons sans plus attendre toutes les deux à la découverte de ce doux pays. Après une nuit à Seoul, ma maman et moi embarquons à bord des merveilleux trains KTX et filons vers Gyeongju, la ville "musée sans murs" de Corée. Là-bas se concentrent tout un tas de monuments, temples et statues qui participent à la préservation du folklore coréen. Bien heureusement, notre chambre, elle, avait des murs car elle n'avait rien d'un musée et la pluie torrentielle aurait eu raison d'elle.
Notre séjour dans la ville n'est donc pas sensas', la pension moisie choisie par mes soins y est certainement pour beaucoup, la pluie aidant à ce sentiment de détresse. Oust, on s'en va!
Après une nuit fort sympathique à Busan où nous avons pu apprécier toute la sérénité des temples boudhistes à flan de montagne et de falaise, nous nous envolons pour Jeju island.

Temple Beomeosa à Busan

Cette île à l'extrême sud de la péninsule coréenne me faisait littéralement rêver sur le papier; des paysages verts, des shetlands, de la nourriture green et organic, des plages. Tout, elle avait tout. Elle nous a même donné encore plus que ça. En effet, l'île ne s'est pas contentée de nous offrir ses plus beaux paysages sous un ciel bleu azur, elle nous a aussi livré un typhon accompagné de vents à décorner une vache fribourgeoise et de pluies, bien évidemment, à faire verdir de rage l'Amazonie toute entière!

Petites figurines de Jeju
Le typhon se prépare...





Heureusement, nos corps ont résisté à la tentation amphibie et nous avons pu repartir après une nuit supplémentaire due à l'annulation de notre vol. Néanmoins, l'aventure (oui, on peut véritablement parler d'aventure lorsque l'on vit de l'intérieur une telle tempête) nous a permis de faire connaissance avec la tenancière de notre sublime B&B et sa fille.

Notre sublime B&B à Jeju, avant la tempête
Nous étions les seules dans la maison, l'électricité nous avait fait faux bon et la tempête se déchaînait; les conditions propices à faire des rencontres quoi!

Enfin, de retour à Seoul, nous avons pu profiter du quartier très vivant d'Insa-dong, de resto végétarien boudhiste et de fabuleux palais avant que la luciolle s'en aille. Elle s'est envolée pour Genève après dix jours passés ensemble.


Nous avons bien ri, nous avons pleuré aussi et nous avons vivement apprécié ce tour périlleux et rapide de la Corée du Sud!

Ma douce maman et moi, devant une sacré petite tour!
Maintenant, à moi les cours et le boulot, moins funk pour le coup.